Dans son entretien accordé à Jeune Afrique dans le cadre du dossier spécial du mois d'octobre consacré à Djibouti par le média, l'Ambassadeur HU Bin a passé en revue les relations d'amitié et de coopération entre la Chine et Djibouti. Voici l'intégralité de l'entretien.  

La coopération sino-djiboutienne avec un avenir plus prospère

Face à l'impact de la COVID-19, le partenariat stratégique entre la Chine et Djibouti marche toujours à un niveau élevé. Basé sur la coopération gagnant-gagnant, il sera plus prospère dans le futur.

La Chine est un partenaire majeur de Djibouti dans le domaine économique et commercial, surtout en matière d'infrastructures. Un rapport de la Banque mondiale publié en mai 2021 a classé le port de Djibouti premier en Afrique en termes de performances. Quelles sont les principales raisons de ce succès de coopération ?

Ce sont surtout les idées partagées et le principe de gagnant-gagnant, car cette coopération correspond aux besoins des deux parties. Pour Djibouti, terre d'échanges et de rencontres, sa « Vision 2035 » vise à faire valoir son atout géographique qu'est un nœud névralgique des échanges économiques et commerciales entre les différents continents en construisant des infrastructures portuaires modernes et en attirant activement des investissements étrangers. L'Initiative « Ceinture et Route » proposée par la Chine est en parfaite adéquation avec la Vision de Djibouti. Les infrastructures comme Doraleh MultiPurpose Port, la zone franche internationale et le chemin de fer djibouto-éthiopien réalisées avec l'assistance de la Chine ont créé nombre d'emplois à Djibouti et favorisé sa croissance rapide ces dernières années. Malgré le choc de la pandémie, Djibouti a été une des rares économies du monde à avoir dégagé une croissance positive.

À en croire certains, les investissements chinois à Djibouti feraient tomber Djibouti dans le « piège de la dette ». Faut-il s'en préoccuper ?

Les investissements étrangers sont nécessaires pour le développement d'un pays, cela a été le cas pour la Chine qui a ouvert sa porte il y a plus de 40 ans, c'est d'autant plus vrai pour Djibouti qu'elle, œuvrant à devenir un hub logistique mondial, construit des infrastructures d'envergure. Dans la coopération sino-djiboutienne en matière d'investissement, les principes de bénéfices mutuels ainsi que les règles générales du marché sont respectés. Djibouti est l'actionnaire principal des projets d'infrastructures, elle n'a rien hypothéqué à la Chine et il n'y a pas non plus de la « piège de la dette ». Les institutions financières chinoises intéressées et la partie djiboutienne ont conclu, par des consultations amicales, un accord de reconstitution de la dette qui ne peut pas être remboursée dans les délais prévus. Le problème de la dette de Djibouti sera résolu avec son développement continu.

La base militaire de la Chine installée à Djibouti a aussi attiré beaucoup d'attention, même suscité des interrogations sur son arrière-pensé.

En fait, une Base de Soutien en outre-mer est nécessaire pour la Chine, un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'assumer davantage d'obligations internationales et d'offrir des biens de sécurité publique internationaux. L'établissement de cette Base résulte des consultations amicales entre la Chine et Djibouti. Un officiel djiboutien de haut niveau m'a exprimé sa fierté de voir la Chine décider d'établir sa première base à Djibouti. Plusieurs pays y avaient déjà créé des bases, pourquoi s'inquiéter quand il s'agit de la Chine ? Cette terre d'échanges doit être une plateforme de coopération, au lieu de foyer de suspicion ou de confrontation. Nous souhaitons que tous les pays étrangers coexistent d'une manière propice à la stabilité et à l'ouverture du pays hôte.

Qu'attend la Chine du partenariat stratégique sino-djiboutien ?

La Chine entend travailler avec Djibouti à la promotion d'une coopération gagnant-gagnant, à la consolidation des fondements politiques de leurs relations, à savoir le respect mutuel, l'attachement à la voie de développement adaptée à la réalité du pays et la non-ingérence dans les affaires intérieures d'autrui, ainsi qu'à la construction d'un ordre international juste et équitable et à la sauvegarde des intérêts communs des pays en développement.

Cette année, à l'occasion du centenaire du Parti communiste chinois, la Chine entreprend une nouvelle marche pour construire un pays socialiste moderne sur tous les plans (l'objectif du deuxième Centenaire). Quant à Djibouti, le Président Ismaïl Omar Guelleh a été réélu et mobilisé le nouveau gouvernement dans la promotion de la cohésion et du développement du pays. Il est sûr que les relations d'amitié et de coopération est prometteuses entre la Chine et Djibouti et apportera plus de bénéfices aux peuples des deux pays comme à ceux du monde entier.