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Conférence de presse du 24 février 2022 tenue par la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Hua Chunying

2022-02-24 23:55

AFP : La Chine s’est toujours abstenue de condamner l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Maintenant que le président Poutine a commencé une invasion, la Chine va-t-elle condamner les actions de la Russie ?

Hua Chunying : La Chine suit de près les derniers développements. Nous appelons toutes les parties à faire preuve de retenue et à empêcher que la situation ne devienne incontrôlable.

Global Times : Selon des reportages, le laboratoire Qi An Pangu basé à Beijing a publié un rapport le 23 février. Il a découvert qu’Equation, le groupe de pirates informatiques dépendant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), a créé une porte dérobée de haut niveau et mène une opération de cyberattaque depuis dix ans appelée « Telescreen » (Bvp47) contre 45 pays et régions, dont la Chine, la Russie, le Japon, la République de Corée, l’Inde, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Australie, la Thaïlande, l’Égypte et le Brésil. L’opération couvre des domaines tels que les communications, les universités, les institutions de recherche, les secteurs économiques et militaires. Certaines des attaques utilisent même le Japon comme tremplin pour attaquer d’autres pays. D’après ce que nous savons, c’est la première fois qu’un laboratoire de cybersécurité chinois expose publiquement la chaîne complète des preuves techniques de la cyberattaque lancée par la NSA. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : Nous avons pris note des reportages et du rapport technique concernés. Nous sommes très préoccupés par les cyberactivités irresponsables et malveillantes exposées dans le rapport et nous exhortons vivement les États-Unis à s’expliquer et à mettre immédiatement fin à ces activités. La Chine prendra les mesures nécessaires pour défendre la cybersécurité et les intérêts de la Chine.

Selon le rapport, Equation, un groupe de pirates informatiques affilié à la NSA, mène des cyberattaques contre les communications, les départements de recherche scientifique et les secteurs économiques chinois depuis plus de dix ans. Auparavant, la société chinoise de cybersécurité 360 avait également publié un rapport révélant que APT-C-39, une organisation de cyberattaques du gouvernement américain, a lancé des attaques à grande échelle contre la Chine, ce qui pourrait entraîner de graves fuites d’informations et de données personnelles massives, de secrets d’affaires et de propriété intellectuelle et compromettre la sécurité des infrastructures clés de la Chine. Il convient de noter que les attaques concernées remontent à 2005 et se poursuivent jusqu’en 2015 et au-delà. On ne peut s’empêcher de se demander si les États-Unis sont sincères dans leur volonté de mettre en œuvre le consensus sur la cybersécurité conclu avec la Chine. 

La loi américaine sur le renseignement permet au gouvernement américain de procéder à des vols massifs et sans discrimination d’informations et de données, y compris sur ses alliés. Edward Snowden et Wikileaks ont révélé comment le gouvernement américain s’est engagé dans la surveillance à grande échelle et le vol de secrets dans le monde entier. Les révélations de ce rapport montrent qu’outre la Chine et d’autres pays en développement majeurs d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les États-Unis n’épargnent même pas leurs alliés et partenaires, et que leurs cyberattaques couvrent même leurs alliés européens, ainsi que les autres membres du Quad et des Five Eyes. À l’heure actuelle, les États-Unis cherchent activement à mener une coopération bilatérale et multilatérale en matière de cybersécurité à l’échelle mondiale, prétendument pour aider les autres pays à améliorer leurs capacités. On ne peut s’empêcher de se demander quelle est leur véritable intention.

Le cyberespace est le foyer commun de l’humanité et la cybersécurité est un défi commun à tous les pays. Nous espérons que les États-Unis adopteront une attitude responsable et défendront la paix et la sécurité dans le cyberespace par le dialogue et la coopération avec toutes les parties. 

Bloomberg : La Chine considère-t-elle l’action de la Russie comme une invasion ? Est-ce une violation de la Charte des Nations unies ?

Hua Chunying : Nous avons exposé la position de principe de la Chine sur la question de l’Ukraine. Il existe un contexte historique complexe sur cette question. La situation actuelle est le résultat de l’interaction de divers facteurs.

Nous avons noté que la Russie a annoncé aujourd’hui le lancement d’une opération militaire spéciale dans l’est de l’Ukraine. Le Ministère russe de la Défense a déclaré que ses forces armées ne procéderont pas à des frappes de missiles, aériennes ou d’artillerie, sur les villes. La Chine suit de près les derniers développements et appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à empêcher que la situation ne devienne incontrôlable.

Je tiens à souligner une fois de plus la position constante de la Chine. Nous devons rechercher une sécurité commune, coopérative et durable pour tous les pays. Les préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité doivent être respectées et résolues. Nous espérons que toutes les parties garderont la porte de la paix ouverte et continueront à travailler à la désescalade par le dialogue, la consultation et la négociation, et à prévenir toute nouvelle escalade.

CCTV : S’exprimant sur la question de l’Ukraine, le porte-parole du Département d’État américain, Ned Price, a déclaré que la Chine devait respecter le principe de la souveraineté de l’État et de l’intégrité territoriale et qu’elle avait l’obligation d’exhorter la Russie à « revenir en arrière ». Il a également déclaré que la relation croissante entre la Chine et la Russie était préoccupante. La déclaration commune sino-russe montre que la Chine tente d’utiliser son influence sur la Russie pour créer l’ordre mondial souhaité par les deux pays. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : J’ai pris note des remarques du porte-parole du Département d’État américain.

Tout d’abord, en ce qui concerne le respect de la souveraineté de l’État et de l’intégrité territoriale, je crains que les États-Unis ne soient pas en mesure de réprimander la Chine. Le peuple chinois a une compréhension profonde et des sentiments forts à l’égard de la souveraineté de l’État et de l’intégrité territoriale, grâce à son expérience directe. Dans l’histoire moderne, la Chine a été envahie par les forces alliées des huit puissances et d’autres puissances colonialistes, ce qui a laissé des souvenirs poignants et indélébiles d’humiliation nationale. Il y a une vingtaine d’années, l’Ambassade de Chine en République fédérale de Yougoslavie a été frappée par un bombardement de l’OTAN, qui a tué trois journalistes chinois et en a blessé beaucoup d’autres. L’OTAN a toujours une dette de sang envers le peuple chinois. Aujourd’hui encore, la Chine est confrontée à une menace réaliste de la part des États-Unis, flanqués de leurs nombreux alliés, qui s’ingèrent de manière gratuite et grossière dans les affaires intérieures de la Chine et portent atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine sur des questions telles que le Xinjiang, Hong Kong et Taïwan. La Chine reste le seul membre permanent du Conseil de sécurité qui n’ait pas encore réalisé une réunification nationale complète. C’est pour toutes ces raisons que la Chine défend avec constance et fermeté les buts et principes de la Charte des Nations unies et les normes fondamentales régissant les relations internationales, sauvegarde fermement sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale et défend fermement l’équité et la justice internationales.

Si nous regardons les États-Unis, au cours de leurs presque 250 ans d’histoire, il n’y a eu que 20 années où ils n’ont pas mené d’opérations militaires à l’étranger. Les prétextes qu’ils ont utilisés peuvent être la démocratie ou les droits de l’homme, ou simplement un tube à essai de poudre à lessive, ou même des fake news. La compréhension d’un tel pays vis-à-vis du respect de la souveraineté de l’État et de l’intégrité territoriale est certainement différente de la nôtre. La communauté internationale le voit très clairement.

La partie américaine suggère que la Russie a agi avec le soutien complice de la Chine. Je ne pense pas que la Russie serait ravie d’entendre cela. La Russie est un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et une grande puissance indépendante. Elle est tout à fait capable de formuler et de mettre en œuvre sa stratégie diplomatique de manière indépendante, en fonction de son jugement et de ses intérêts nationaux.

Je dois également souligner que les relations entre la Chine et la Russie sont fondées sur la non-alliance, la non-confrontation et la non-hostilité envers un pays tiers. Cela diffère fondamentalement et essentiellement de la pratique des États-Unis, qui consiste à tracer des lignes idéologiques, à se liguer pour former de petites cliques et à mener une politique des blocs pour créer une confrontation et une division. La Chine ne s’intéresse pas à la pensée dichotomique « ami ou ennemi » de la guerre froide et au patchwork de soi-disant alliés et de petites cliques, et n’a pas l’intention de suivre cette voie.

Quant à la déclaration commune Chine-Russie, je suggère aux États-Unis de l’étudier de plus près. La Chine et la Russie visent à renforcer la communication et la coordination stratégiques, à défendre fermement le système international avec le rôle central de coordination des Nations unies dans les affaires internationales, et à sauvegarder fermement l’ordre international basé sur le droit international, y compris les buts et principes de la Charte des Nations unies. Cela montre exactement que la Chine et la Russie agissent de manière responsable et constituent un facteur positif pour la sécurité et la stabilité stratégiques internationales.

ITV News : Malgré les scènes que nous avons vues en Ukraine ce matin, vous semblez suggérer que la paix est encore possible. Le président Xi envisage-t-il de téléphoner à son ami le président Poutine pour appeler au calme et à une éventuelle solution diplomatique ?

Hua Chunying : La porte de la paix ne doit jamais être fermée d’une manière inconsidérée. Même avec les derniers développements en Ukraine, nous appelons toujours toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à prendre des mesures constructives pour apaiser la situation dès que possible et empêcher que la situation ne devienne incontrôlable.

La Chine est toujours d’avis que toutes les parties doivent respecter et prendre au sérieux les préoccupations légitimes de sécurité de l’autre partie et s’efforcer de résoudre pacifiquement les questions régionales d’actualité brûlante par la négociation et la consultation. Hier, j’ai fait part des efforts déployés par la Chine pour promouvoir un règlement pacifique de la question ukrainienne. Le président Xi Jinping, lors d’une conversation téléphonique avec le président français Macron, a appelé toutes les parties à adhérer à la direction générale de la résolution politique, à assumer leurs responsabilités et à travailler pour la paix. Le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a également souligné l’importance de cela.

CCTV : Le ministre des Affaires étrangères de la République de Corée, Chung Eui-yong, aurait exprimé ses profondes inquiétudes concernant la démarche du Japon visant à faire inscrire un groupe de mines d’or sur l’île de Sado au patrimoine mondial lors d’une réunion avec la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, le 22 février à Paris, soulignant que l’île est liée au travail forcé des Coréens. La directrice générale Azoulay a déclaré que l’UNESCO comprenait parfaitement les préoccupations de Séoul et continuerait à suivre la manière dont le Japon honorera sa promesse faite lors d’une précédente candidature. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : La position de la Chine sur le recrutement forcé de travailleurs par le Japon est cohérente et claire. Nous comprenons et soutenons pleinement l’attitude de la République de Corée. Le recrutement forcé et l’asservissement des travailleurs sont un crime grave commis par le militarisme japonais lors de son agression à l’étranger et de sa domination coloniale. Il ne doit pas être nié ou blanchi de quelque manière que ce soit. Lors d’une précédente candidature similaire, le Japon avait admis l’existence du travail forcé sur certains sites impliquant des travailleurs originaires de Chine, de la péninsule coréenne et d’autres pays asiatiques, et avait promis de mettre en place un centre d’information pour afficher des documents historiques et commémorer les victimes, mais il n’a jamais tenu sa promesse. Aujourd’hui, ignorant à nouveau les souvenirs douloureux de ses voisins, le Japon tente de faire une nouvelle candidature similaire. Naturellement, les autres parties remettront en cause ses véritables intentions.

Le Japon devrait faire face à l’histoire et y réfléchir, adopter une attitude honnête et responsable et prendre des actions concrètes pour gérer correctement les problèmes légués par l’histoire, de peur de perdre davantage la confiance de ses voisins asiatiques et de la communauté internationale.

AFP : Lors de la conférence de presse d’hier, le Ministère des Affaires étrangères a reproché aux États-Unis de faire monter les tensions et de créer la panique. Les événements des dernières 24 heures montrent-ils que les avertissements de la partie américaine étaient justifiés ? Et la Chine aurait-elle dû tenir compte de ces avertissements et demander à ses citoyens de quitter l’Ukraine ?

Hua Chunying : Les États-Unis font monter les tensions et attisent la guerre depuis un certain temps. Savez-vous combien d’armes et de munitions les États-Unis ont envoyée en Ukraine ?

Si toutes les parties avaient fait plus pour promouvoir la paix, fait preuve d’un plus grand respect et d’une meilleure prise en compte des préoccupations de sécurité de l’autre partie, et résolu raisonnablement et correctement la question pour permettre un atterrissage en douceur, quelle aurait été la situation aujourd’hui ? Les États-Unis ont signalé que la Russie allait lancer une invasion à grande échelle le 16 février, et la Russie a rejeté cette information comme étant de la désinformation. Souhaitez-vous que la fausse alerte des États-Unis devienne une réalité, ou que les problèmes soient étouffés dans l’œuf et ne se développent pas jusqu’au point actuel, avec un véritable souci du peuple ukrainien et de la paix et de la sécurité régionales ?

Dès le début, la Chine a adopté une attitude responsable et a persuadé toutes les parties de ne pas aggraver les tensions ou d’inciter à la guerre. Je pense que ce que fait la Chine est très responsable. Ceux qui suivent l’exemple des États-Unis en attisant le feu et en rejetant la responsabilité sur les autres sont vraiment irresponsables. En tant qu’initiatrice, la personne qui a allumé le feu devrait réfléchir à la manière de l’éteindre le plus rapidement possible.

CGTN : Selon des reportages, des étudiants chinois aux États-Unis ont déclaré avoir été soumis à des harcèlements et des interrogatoires pendant de longues périodes, et ont même été expulsés dans certains cas. Ils ont dit que la partie américaine leur a grossièrement demandé s’ils étaient membres du PCC, a restreint leur liberté personnelle pendant de longues périodes et a refusé leurs demandes de contacter leurs familles ainsi que l’ambassade et les consulats chinois dans le pays. Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet ?

Hua Chunying : La Chine déplore et rejette l’acte ignoble des États-Unis consistant à interroger, harceler et rapatrier continuellement des étudiants chinois et à discriminer les membres du PCC. La partie chinoise a déposé des représentations solennelles à la partie américaine chaque fois qu’elle a eu connaissance de tels incidents.

La pratique discriminatoire et malveillante des États-Unis viole gravement les droits de l’homme fondamentaux, les libertés fondamentales et les droits et intérêts légaux des citoyens chinois poursuivant des études aux États-Unis et porte gravement atteinte aux échanges humains et à la coopération éducative normaux entre les deux pays. Et pourtant, les États-Unis se présentent comme un « défenseur des droits de l’homme » et un « phare de la liberté ». Rien n’est plus ironique. Ces actes vont à l’encontre de leurs déclarations selon lesquelles « les États-Unis accueillent favorablement les étudiants chinois » et « nous devrions encourager la jeune génération à interagir davantage et à mieux connaître la culture de l’autre ». Ils vont également à l’encontre de l’aspiration commune des peuples chinois et américain à des échanges amicaux. Les actes fréquents des États-Unis visant à réprimer les étudiants chinois reflètent leur psyché sinistre et sont des symptômes de leur perte de confiance. Ils ne rendront pas les États-Unis plus sûrs ou plus forts, mais ne feront que nuire à leurs intérêts, à leur image et à leur réputation.

Nous exhortons les États-Unis à rectifier immédiatement leurs erreurs, à cesser de créer une confrontation idéologique, et a fortiori à s’abstenir de l’utiliser comme prétexte pour réprimer et harceler les étudiants chinois et porter atteinte aux droits et intérêts légitimes et légaux du personnel chinois concerné.

Bloomberg : Une question sur les prix du pétrole. Étant donné que les prix du pétrole augmentent dans le contexte de la crise ukrainienne, la Chine sera-t-elle d’accord pour libérer les réserves stratégiques de pétrole en phase avec les États-Unis afin d’atténuer la hausse des prix ?

Hua Chunying : Nous pensons que, dans les circonstances actuelles, toutes les parties doivent faire preuve de retenue et apaiser les tensions par le dialogue et la négociation. Ce n’est que lorsque la situation se stabilisera que l’on pourra éviter les retombées de divers types. Je tiens également à dire que le monde actuel n’est pas pacifique et qu’il y a eu suffisamment de problèmes. Les pays réellement responsables doivent adopter un comportement responsable pour sauvegarder conjointement la sécurité énergétique mondiale, maintenir la sécurité et la stabilité des chaînes d’approvisionnement et industrielles mondiales, et éviter que les tensions régionales aient un impact sur la sécurité et la stabilité du marché international de l’énergie.

Beijing Youth Daily : La Chine a déclaré au début du mois que cette année marque le 50e anniversaire de la visite de Richard Nixon en Chine et de la signature du Communiqué de Shanghai entre la Chine et les États-Unis. La Chine et les États-Unis organiseront une série d’activités commémoratives dans un avenir proche. Nous avons remarqué que le gouvernement américain n’a fait aucun commentaire sur le 50e anniversaire de la visite de Richard Nixon en Chine. Le porte-parole du Département d’État américain, Ned Price, a déclaré le 23 février que les États-Unis n’envisageaient pas pour l’instant de publier une déclaration sur le 50e anniversaire de la visite de Nixon en Chine. Avez-vous un commentaire à faire ? Pourriez-vous nous donner plus de détails sur les activités commémoratives que la Chine prévoit d’organiser ?

Hua Chunying : Pour savoir si les États-Unis publieront une déclaration ou pourquoi ils ne le feraient pas, vous devriez le demander à la partie américaine. 

Hier, j’ai passé en revue avec vous sur cette estrade le contenu principal du Communiqué de Shanghai publié par la Chine et les États-Unis lors de la visite du président Nixon en Chine il y a 50 ans. Le principe d’une seule Chine affirmé dans le Communiqué de Shanghai, ainsi que les principes de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays, de non-agression contre d’autres pays, de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, d’égalité, de bénéfice mutuel et de coexistence pacifique, constituent le fondement politique de la normalisation des relations sino-américaines et de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Certains détails qui vous intéressent donnent à réfléchir. Il est compréhensible que l’attitude des États-Unis ait provoqué quelques conjectures et associations de la part des journalistes. Cependant, je pense qu’il est d’autant plus nécessaire et pertinent pour les États-Unis de revenir sur l’esprit et l’inspiration du Communiqué de Shanghai aujourd’hui, alors que les relations sino-américaines sont confrontées à des difficultés et des défis.

D’après ce que je sais, les deux parties organiseront ensemble des activités commémoratives dans un avenir proche, auxquelles participeront des représentants et des invités des deux parties. Les activités concernées sont encore en cours de programmation. S’il y a des informations sur les détails, nous les publierons en temps utile.

Hubei Media Group : Selon des reportages, le député européen Hervé Juvin a déclaré que, sur la crise entre la Russie et l’Ukraine, les États-Unis sont un fomenteur du conflit et espèrent en profiter pour contrôler l’Europe et entraver l’indépendance européenne sur les affaires de sécurité. Il estime que les États-Unis veulent saboter les relations entre la Russie et l’Union européenne et embarquer cette dernière dans la voie de la confrontation avec la Russie. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : En ce qui concerne le rôle des États-Unis dans la situation actuelle en Ukraine, j’ai remarqué que, hormis ce député européen, certains médias européens ont également fait leurs réflexions et observations. 

Récemment, l’UE, la France et l’Allemagne ont fait beaucoup d’efforts par le biais de la médiation diplomatique afin d’apaiser les tensions. La situation actuelle va certainement à l’encontre des intérêts de l’Europe. La partie européenne devrait en effet réfléchir sérieusement à ce qui est réellement propice au maintien de la paix et de la stabilité en Europe, et à la meilleure façon de maintenir la paix et la stabilité à long terme en Europe.

AFP : Les Russes ont dit qu’ils n’attaqueraient pas les villes et ils ont annoncé qu’ils visaient clairement des cibles militaires. Donc, vous pensez qu’il est acceptable d’envahir un autre pays sans frapper des villes, mais uniquement des cibles militaires ? Et puis, vous avez également dit que les États-Unis ont fourni des munitions à l’Ukraine. Mais n’est-ce pas le droit de tout pays souverain d’acheter des armes et des munitions où il le souhaite afin de se protéger ?

Hua Chunying : Je suis sûre que vous avez remarqué que la Russie a déclaré, dans le cadre de son opération militaire spéciale en Ukraine, que ses forces armées ne procéderont à aucune frappe de missiles ou d’artillerie sur une quelconque ville ukrainienne.

Quant à la définition du terme « invasion », il faut revenir sur la façon dont nous considérons la situation actuelle en Ukraine. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, la question de l’Ukraine a un contexte historique très complexe. La situation actuelle n’est pas ce que nous souhaiterions voir. Nous espérons que toutes les parties travailleront de concert pour donner une chance à la paix et s’efforceront d’apaiser la situation dès que possible par le dialogue, la consultation et la négociation.

Quant au droit des pays souverains d’acheter des armes, j’ai une question à vous poser. Si deux personnes près de vous se disputent et qu’un combat à mains nues semble se profiler, que ferez-vous ? Donner à l’un d’eux un pistolet, un couteau ou une autre sorte d’arme ? Ou rompre le combat par la persuasion d’abord, puis s’intéresser aux tenants et aux aboutissants de la dispute et les aider à résoudre le problème pacifiquement ? C’est aussi simple que cela. Les armes ne peuvent jamais résoudre tous les problèmes. Ce n’est pas le moment de verser de l’huile sur le feu, mais de nous concerter pour trouver un moyen d’éteindre le feu et de sauvegarder la paix.

Voici une autre question. Les médias occidentaux, y compris votre agence, ont utilisé le mot « invasion » pour décrire l’opération de la Russie. Lorsque les États-Unis ont mené des opérations militaires unilatérales illégales en Irak et en Afghanistan sans mandat de l’ONU et ont causé des pertes civiles massives, avez-vous utilisé le mot « invasion » ou un autre mot ?   

Anadolu Agency : Selon la déclaration du Ministère russe de la Défense, l’armée russe a visé les défenses aériennes de l’Ukraine ce matin. Cela est généralement considéré comme faisant partie d’une invasion. Si cela se produit, la Chine verra-t-elle cela comme une agression et une attaque contre un État souverain ?

Hua Chunying : La Chine suit de près l’évolution de la situation. La situation actuelle en Ukraine n’est pas ce que nous voulons voir. Nous continuons donc à appeler toutes les parties à faire preuve de retenue et à résoudre la question par le dialogue et la consultation dès que possible afin d’apaiser les tensions.

Beijing Daily : Il est rapporté que le procureur général adjoint des États-Unis Matthew Olsen a déclaré que l’Initiative chinoise n’est « pas la bonne approche ». L’Initiative abaisse le seuil du Département de la Justice pour enquêter et poursuivre les actes criminels liés à la Chine, applique des normes différentes en fonction de la race, de l’ethnicité ou des relations familiales. Le Département de la Justice met fin à l’Initiative chinoise, mais continuera à donner la priorité au traitement et à lutter activement contre toute action portant atteinte aux citoyens et aux institutions des États-Unis, ce qui nécessite un nouvel ensemble de contre-mesures complètes. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : La soi-disant Initiative chinoise est l’héritage empoisonné de l’administration précédente, et aurait dû être abolie il y a longtemps.

Les faits ont prouvé que l’Initiative est essentiellement un outil permettant à une poignée de politiciens antichinois d’abuser du concept de sécurité nationale et de tout faire pour contenir et réprimer la Chine. Elle exacerbe la discrimination raciale aux États-Unis, nuit gravement aux groupes asiatiques-américains et empoisonne également l’atmosphère de confiance mutuelle et de coopération entre la Chine et les États-Unis. Dès le début, le Ministère chinois des Affaires étrangères et l’Ambassade de Chine aux États-Unis ont fait de multiples démarches solennelles à différents niveaux pour exhorter la partie américaine à cesser de mettre en œuvre l’Initiative.

Les médias américains ont révélé à plusieurs reprises que la soi-disant Initiative chinoise fixait d’abord des objectifs et menait des enquêtes en conséquence. De tels actes, au mépris total de la justice judiciaire, n’aboutiront qu’à des condamnations injustifiées. Il est rapporté qu’au cours des deux dernières années, la plupart des soi-disant exemples de cas liés à la Chine dans le cadre de cette initiative n’impliquaient pas de vol de propriété intellectuelle ou de vol commercial. La plupart des accusations vont de la fraude à la fausse déclaration en passant par l’évasion fiscale. Près de 2 000 universitaires américains ont signé une lettre ouverte adressée au Département de la Justice États-Unis pour protester contre cette initiative. Plus de 20 groupes asiatiques-américains ont envoyé une lettre commune aux États-Unis pour demander la fin de cette initiative. Il y a peu, les Américains d’origine chinoise ont manifesté devant le Département de la Justice des États-Unis pour demander la fin de l’Initiative chinoise. Au total, 192 professeurs de Yale ont écrit et signé une lettre adressée au procureur général, soulignant que cette stratégie présente des « défauts fondamentaux ». Avec toutes ces voix contre cette initiative, il est clair que l’initiative ne trouve aucun soutien et qu’elle nuit aux intérêts de tous.

Nous exhortons la partie américaine à cesser d’exagérer la prétendue menace chinoise, à cesser de considérer la Chine comme un ennemi imaginaire, à cesser de salir et de réprimer la Chine avec des prétextes inventés de toutes pièces, à cesser de perturber et de saper les échanges et la coopération normaux entre la Chine et les États-Unis dans tous les domaines, à extirper l’héritage empoisonné de la précédente administration et à faire davantage pour promouvoir le développement régulier des relations sino-américaines, ainsi que la confiance mutuelle et la coopération.

CNBC : La Chine est un partenaire commercial de l’Ukraine et de la Russie. Mardi, j’ai vu une annonce selon laquelle, en raison des conditions du marché étranger, la Chine pourrait acheter davantage d’huiles comestibles. Et nous venons également de voir que l’Administration générale des Douanes a déclaré que la Chine pouvait importer du blé de Russie. Compte tenu de la situation actuelle, la Chine a-t-elle l’intention d’augmenter ou de réduire ses échanges avec chacun de ces deux pays ?

Hua Chunying : La Chine continuera à mener une coopération commerciale normale avec la Russie et l’Ukraine dans un esprit de respect mutuel, d’égalité et de bénéfice mutuel. 

AFP : La Chine a-t-elle parlé à la partie ukrainienne au cours des 24 dernières heures, depuis le début des opérations militaires ? Plus précisément, la Chine a-t-elle parlé au président ukrainien Zelenskyy, ou envisage-t-elle de le faire ?

Hua Chunying : Toutes les parties sont très occupées en ce moment. Nous suivons de près l’évolution de la situation et nous continuons à appeler toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’engager à apaiser la tension par le dialogue et la négociation dès que possible afin d’éviter que la situation ne devienne incontrôlable.

Reuters : La Chine a-t-elle fourni à la Russie des équipements militaires, ou prévoit-elle de lui fournir un soutien militaire ou autre pendant ce conflit ?

Hua Chunying : Sur cette question, il y a une différence fondamentale entre la Chine et les États-Unis. Lorsque nous voyons le risque de conflit, nous ne faisons pas comme les États-Unis, qui ont pris l’initiative d’offrir à l’Ukraine une grande quantité d’équipements militaires. Je pense qu’en tant que pays fort, la Russie n’a pas besoin de la Chine ou d’autres pays pour lui fournir des armes. 

AFP : Tout à l’heure, vous avez mentionné les efforts de médiation de la France et de l’Allemagne dans ce conflit. Maintenant, ces deux pays ont très clairement condamné l’action de la Russie. Ne pensez-vous pas que c’est la preuve que les efforts de négociation sont inutiles, et que la seule chose qui fera reculer la Russie est la très forte condamnation de toute la communauté internationale, y compris la Chine ? 

Hua Chunying : Depuis un certain temps, certains pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont mené une médiation. La question de l’Ukraine est très complexe. Le Dr Kissinger a fait des observations publiques sur l’Ukraine il y a plus de sept ans. Il a déclaré que si l’Ukraine devait survivre et prospérer, elle ne devait pas être l’avant-poste d’une des parties contre l’autre – elle devait servir de pont entre l’Est et l’Ouest.

Les observateurs voient souvent clair. Toutes les parties de la communauté internationale devraient s’informer calmement sur les aspects historiques de l’évolution de la question ukrainienne. Sur cette base, toutes les parties devraient s’efforcer d’apaiser la situation dès que possible par le dialogue et la négociation, d’empêcher la situation de devenir incontrôlable et de résoudre pacifiquement le problème. L’Europe devrait réfléchir au type d’architecture de sécurité qui répond le mieux à ses intérêts.

Vous avez mentionné les pays qui condamnent la Russie. Je ne suis pas sûre que, lorsqu’un certain pays a mis le feu et attisé les flammes, ses amis aient fait de leur mieux pour l’empêcher de s’engager dans la mauvaise voie avant le point de non-retour. Personne ne souhaite voir la situation actuelle ou n’en tire profit. Nous espérons que toutes les parties pourront travailler ensemble, et nous appelons les parties concernées à faire preuve de retenue pour éviter que la situation ne devienne encore plus incontrôlable.

Reuters : Vous venez de dire que nous espérons que toutes les parties se calment et empêchent l’escalade. La Chine l’a dit à plusieurs reprises. La Chine va-t-elle appeler la Russie à se retirer ? 

Hua Chunying : Nous appelons toutes les parties concernées à faire preuve de retenue.

AFP : Vous avez mentionné l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Je suis sûr que mon agence, à l’époque, a parlé d’invasion. Hier, vous avez dit que ce qui s’est passé en Irak, c’est que les États-Unis ont violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak. Alors pourquoi ne pensez-vous pas maintenant que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ont été violées ? Pourriez-vous nous expliquer quelle est la différence entre la situation en Ukraine et la situation en Irak ? S’agit-il d’un double standard ? La Russie peut envahir l’Ukraine, mais les États-Unis ne peuvent pas envahir l’Irak.

Hua Chunying : La Chine ne pourra jamais être accusée de « deux poids, deux mesures », car notre position est irréprochable. La Chine est toujours d’avis que la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays devaient être respectées et que les buts et principes de la Charte des Nations unies devaient être défendus conjointement. Il s’agit de nos principes de longue date et des normes fondamentales régissant les relations internationales qui devraient être suivies par tous les pays.

Dans le même temps, la Chine estime que la sécurité d’un pays ne peut se faire aux dépens de la sécurité des autres, et encore moins qu’un pays doit porter atteinte de manière flagrante à la sécurité souveraine des autres pour son propre avantage sécuritaire absolu. Les préoccupations légitimes de tous les pays en matière de sécurité doivent être respectées.

Vous devez connaître l’origine de la question de l’Irak. Le secrétaire d’État américain de l’époque a lancé des attaques militaires contre l’Irak avec un flacon de détergent et une accusation montée de toutes pièces et a plongé le peuple irakien dans de graves désastres. C’est une invasion pure et simple, ce qui fait l’objet d’un consensus de la communauté internationale.

Vous avez dû lire les remarques du président Poutine. Je ne suis pas le porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, et je ne m’exprimerai pas au nom de leur position. Mais je suppose que les personnes de l’extérieur devraient faire preuve d’objectivité et d’équité, et voir le contexte historique complexe de la question de l’Ukraine, ainsi que l’interaction et l’évolution de divers facteurs.

Un médiateur impartial ne devrait pas seulement voir ce qui se passe en ce moment, mais aussi les tenants et aboutissants de la question. Il ne doit pas seulement s’attaquer au symptôme, mais aussi à la cause profonde. C’est pourquoi la Chine a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue et à rester engagées dans la résolution de la question par le dialogue et la négociation. 

Reuters : La Chine pense-t-elle que l’Ukraine est un pays souverain ?

Hua Chunying : L’Ukraine est assurément un pays souverain. La Chine et l’Ukraine mènent une coopération amicale sur la base du respect mutuel.

Reuters : Combien de citoyens chinois se trouvent actuellement en Ukraine ? Et quelles sont les dernières instructions que la Chine envisage de leur donner ?

Hua Chunying : Je ne suis pas au courant du nombre spécifique de citoyens chinois en Ukraine pour le moment. L’Ambassade de Chine en Ukraine a émis une alerte de sécurité. Compte tenu de la situation actuelle, nous rappelons aux citoyens et entreprises chinois de protéger leur propre sécurité et de prévenir les accidents et les blessures. L’Ambassade de Chine en Ukraine est également en contact avec nos étudiants et le Conseil d’affaires chinois en Ukraine, leur rappelle de continuer à suivre les informations de l’ambassade, et demande aux citoyens chinois en Ukraine de ne pas voyager dans les régions instables. En outre, l’ambassade appelle également les citoyens chinois en Ukraine à faire preuve de la belle tradition du peuple chinois de travailler en solidarité et de s’entraider. Si quelqu’un est en difficulté, nous espérons que les autres pourront lui prêter main-forte et se réconforter dans les moments difficiles. L’ambassade rappelle également aux citoyens chinois qu’il ne faut pas paniquer. Toute personne en difficulté recevra toute l’aide possible de l’ambassade de Chine.

Reuters : Vladimir Poutine a-t-il dit à la Chine qu’il allait envahir l’Ukraine lors de sa visite en Chine il y a quelques semaines ?

Hua Chunying : Le 4 février, le président Poutine s’est rendu en Chine pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Beijing, et a tenu une réunion avec le président Xi Jinping. Le communiqué de presse a été publié et vous pouvez le consulter attentivement.

Comme je viens de le dire, la Russie est un grand pays indépendant. Elle décide et met en œuvre sa diplomatie et sa stratégie de manière indépendante, en fonction de son jugement et de ses intérêts stratégiques. La Russie n’a pas besoin d’obtenir le consentement des autres avant de prendre des décisions diplomatiques et d’entreprendre des actions.

AFP : Dans quelles circonstances la Chine condamnerait-elle les actions de la Russie en Ukraine ? Plus précisément, pour quelles actions la Chine condamnerait-elle la Russie ? 

Hua Chunying : Pourquoi êtes-vous obsédé par la condamnation de la Chine ?

Nous avons dit que les aspects historiques de la question de l’Ukraine sont très complexes. La situation actuelle est le résultat de l’interaction de multiples facteurs. La bonne méthode consiste à prendre connaissance de toute la vérité et de l’évolution du processus de manière objective, avant de résoudre le problème par le dialogue et la consultation. La sécurité de tous les pays doit être commune, globale et durable. Et seule une telle sécurité est durable.

Vous ne cessez de demander quand la Chine rejoindra les États-Unis et certains pays européens pour condamner la Russie. Cela me rappelle que c’est la poignée de pays que vous avez évoquée, y compris les États-Unis, qui s’est immiscée dans les affaires intérieures de la Chine et qui a attaqué la Chine sur la base de la désinformation.

Dans les relations internationales, il ne faut pas toujours imposer sa volonté aux autres. On devrait plutôt permettre à tous les pays de faire un jugement indépendant sur la base de la distinction entre ce qui est bien fondé et ce qui ne l’est pas dans la question elle-même.

AFP : La Chine a été accusée de commettre un génocide au Xinjiang, une accusation qui a été qualifiée de « mensonge du siècle ». Maintenant, la Russie dit que le génocide des Russes en Ukraine est l’une des justifications de son invasion en Ukraine. La Russie vous a-t-elle montré une quelconque preuve qu’un génocide a lieu en Ukraine ? Et si ce n’est pas le cas, êtes-vous prête à dire que c’est également le mensonge du siècle ?

Hua Chunying : Je peux vous dire que je ne peux pas faire de comparaison entre ce qui se passe dans le Xinjiang en Chine et l’est de l’Ukraine, car je ne sais pas ce qui s’est passé dans l’est de l’Ukraine, donc nous n’allons pas tirer de conclusions hâtives. Mais je peux vous dire très clairement : s’il vous plaît, arrêtez d’utiliser le mot « génocide » quand il s’agit du Xinjiang la prochaine fois que vous rédigerez vos reportages, car c’est le mensonge du siècle. J’ai davantage le droit et je suis mieux placée pour vous informer de la situation de mon propre pays.

Le gouvernement chinois vous a maintes fois prouvé par des faits que le prétendu génocide au Xinjiang est le plus grand mensonge du siècle. J’espère que vous pourrez écouter ce que nous avons dit. Ces dernières années, plus de 2 000 responsables gouvernementaux, religieux et journalistes, y compris des correspondants étrangers en Chine, venant de plus de 100 pays et organisations, ont visité le Xinjiang. Ce qu’ils y ont vu, c’est un Xinjiang pacifique et harmonieux avec un développement constant, où les gens de tous les groupes ethniques jouissent de la liberté de croyance religieuse. Tels sont les faits et la vérité sur le Xinjiang. Je dois également vous dire que certaines mesures préventives de déradicalisation au Xinjiang sont similaires aux mesures de lutte contre le terrorisme et de déradicalisation telles que la correction communautaire en France. 

Par conséquent, j’espère que vous n’aurez pas de préjugés à l’encontre de la Chine sur cette question et que vous ne porterez pas d’accusations sans fondement contre la Chine sur la base de la désinformation. C’est parce que plusieurs de vos pays ont toujours condamné la Chine sur cette question que je suis très malheureuse de vous entendre utiliser ce mot « condamner ». Les accusations doivent être fondées sur des faits et doivent être utilisées avec prudence avant que l’on ait une vue d’ensemble de la situation.

J’espère également qu’après l’épidémie, je pourrai trouver une bonne occasion de vous emmener au Xinjiang pour que vous puissiez profiter de ses magnifiques paysages et voir de vos propres yeux quel genre de vie les gens mènent là-bas. Je pense que lorsque la vérité sur le Xinjiang et la vie de ses habitants se répandront dans le monde entier grâce à vos reportages, les minorités ethniques de nombreux autres pays seront très jalouses des minorités ethniques du Xinjiang.

AFP : Y a-t-il une coïncidence entre le fait que le président Poutine était ici pour l’ouverture des Jeux olympiques et le fait qu’il semble avoir attendu la fin des Jeux olympiques pour lancer des actions offensives contre l’Ukraine ? Pensez-vous que la Russie aurait dû attendre la fin des Jeux paralympiques, le 13 mars, avant de cibler son voisin ? 

Hua Chunying : L’imagination de l’AFP est plus riche que jamais. Je peux vous dire que plus de 30 responsables politiques internationaux ont assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Beijing en Chine, dont le président Poutine. Les chefs d’État chinois et russe ont échangé leurs points de vue sur les relations sino-russes et les questions d’intérêt commun. Nous avons publié les informations pertinentes en temps opportun et de manière détaillée.

La Russie est un grand pays indépendant, qui décide de sa politique et de ses actions de manière indépendante, en fonction de son propre jugement stratégique et de ses intérêts. Quant à la question du moment choisi par la Russie pour agir, il faut la poser à la Russie.

Les Jeux olympiques d’hiver de Beijing ont été splendides, sûrs et réussis. Nous pensons que les Jeux paralympiques d’hiver de Beijing seront tout aussi splendides, sûrs et réussis.

Dragon TV : Le Washington Post a rapporté le 23 février que les Jeux olympiques d’hiver de Beijing ont été un désastre pour le diffuseur NBC et les sponsors. L’audience en prime time a chuté de plus de 40 % par rapport à il y a quatre ans, atteignant le plus bas niveau. Avez-vous un commentaire à faire ?

Hua Chunying : C’est ce que dit le Washington Post. Je ne suis pas sûre que NBC soit d’accord. Ce que j’ai noté, c’est que le PDG du service de diffusion olympique (OBS) a déclaré que les Jeux olympiques d’hiver de Beijing ont été les plus regardés, avec de nouveaux records en termes d’heures de diffusion, de technologie et de contenu. C’étaient également les Jeux olympiques d’hiver les plus regardés sur les plateformes numériques de NBC. Le CIO a déclaré que les Jeux ont établi de nombreux records avec la plus grande interaction numérique, les plus longues heures de diffusion et la plus forte audience lors de la cérémonie d’ouverture. Les Jeux ont donné lieu à des milliards d’interactions sur les plateformes numériques. Pendant les Jeux, un nombre record de 64 millions de personnes ont suivi les événements via le site web et l’application olympiques. La chaîne olympique sur YouTube a enregistré 58 % de vues supplémentaires par rapport aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang. Sur TikTok, les vidéos du hashtag OlympicSpirit ont totalisé plus de 2,1 milliards de vues.

Dans un contexte de pandémie mondiale persistante, notamment avec le variant Omicron qui sévit, la Chine a honoré son engagement comme prévu et a présenté au monde des Jeux olympiques simplifiés, sûrs et splendides. C’est un succès pour le peuple chinois et les peuples du monde entier. Nous avons noté que la communauté internationale a positivement apprécié les Jeux. Le président du CIO, M. Bach, a remis la Coupe olympique au peuple chinois. Son discours émouvant lors de la cérémonie de clôture a été accueilli par des salves d’applaudissements du public. Il a décrit Beijing 2022 comme des Jeux olympiques d’hiver vraiment exceptionnels.

Si une poignée de médias ou d’individus choisissent délibérément d’ignorer ces excellents événements pour des raisons politiques et d’ignorer l’esprit et le message inspirants de solidarité, de paix et de coopération véhiculés par les Jeux, alors c’est leur perte.

Reuters : La Chine pense-t-elle que l’action de la Russie est une invasion de l’Ukraine ? Sinon, pourquoi ?

Hua Chunying : Pour faire une suggestion, vous pouvez aller demander aux États-Unis : ils ont allumé le feu et ont attisé la flamme, comment vont-ils éteindre le feu maintenant ?

Reuters : La Chine est-elle suffisamment proactive dans l’effort pour parvenir à la paix en Ukraine ? En est-elle satisfaite ?

Hua Chunying : Nous voulons la paix en Ukraine et nous ne voulons pas voir la situation en Ukraine évoluer vers ce qu’elle est aujourd’hui. Nous appelons toutes les parties à apaiser les tensions par le dialogue et à faire preuve de retenue. En attendant, nous devons garder à l’esprit que tout arrive pour une raison. Il faut s’attaquer non seulement au symptôme, mais aussi à la cause profonde, ce qui exige des efforts conjoints de toutes les parties concernées.

Vous vous êtes concentré sur la Chine aujourd’hui. La Chine est-elle une partie directement concernée ? Qui est celui qui a allumé le feu, qui a attisé la flamme et qui l’a alimenté ? Un proverbe chinois dit que c’est à celui qui a fait le nœud de le défaire. La question de l’Ukraine doit être résolue par les parties directement concernées par le biais de négociations. Certains des mots que vous avez utilisés pourraient facilement nous rappeler des accusations sans fondement contre la Chine, fondées sur de nombreuses désinformations et rumeurs, ce qui nous a mis mal à l’aise et offensés.

Je vous demande donc de faire preuve de calme, de bon sens et de retenue. J’espère que vous vous joindrez à la Chine pour appeler toutes les parties à faire preuve de retenue, à faire davantage pour aider à éteindre le feu et à ne pas laisser la situation devenir plus incontrôlable.

Reuters : Le leader chinois a-t-il donné son soutien au président Poutine pour attaquer l’Ukraine ?

Hua Chunying : Franchement, je trouve cette façon de poser des questions assez offensantes. Elle expose un certain stéréotype consistant à regarder la Chine avec des notions préconçues, des préjugés, de l’arrogance et une caractérisation malveillante. La Chine n’est pas directement concernée par cette question. Tout ce que nous avons fait, c’est promouvoir les pourparlers de paix. 

Hier, j’ai fait part de nos observations sur tous les tenants et aboutissants de cette question. Le président Poutine a également prononcé un discours riche en détails. Pourquoi ne prenez-vous pas le temps de les lire ? Pourquoi ne pas vous calmer, mettre de côté vos idées bien ancrées et examiner les choses d’un point de vue rationnel et objectif ? Qui a allumé le feu ? Qui a attisé la flamme ? Qui continue à verser de l’huile sur le feu ? C’est à celui qui a fait le nœud de le défaire. Ce sont les parties directement concernées qui devraient résoudre le problème par la négociation.

La Russie est une grande puissance indépendante et un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle prend ses décisions de politique étrangère en toute indépendance. La position de la Chine est très claire. Sur les dossiers régionaux brûlants, nous appelons constamment à une résolution pacifique par le dialogue, la consultation et la négociation.

Lorsque des pays comme l’Irak, la Syrie et l’Afghanistan ont été frappés par des opérations militaires illégales, et lorsque les sept milliards de dollars américains d’actifs du peuple afghan ont été illégalement pillés par les États-Unis récemment, avez-vous condamné tout cela ? Avez-vous défendu l’équité et la justice ? Avez-vous remis en question le gouvernement américain ? C’est pourquoi je ne pense pas que votre question ait l’objectivité que devrait avoir une question de journaliste professionnel. Vous n’êtes pas neutre. Vous souscrivez à des idées préconçues. En tant que journaliste, vous ne devriez pas imposer vos présupposés aux autres.

AFP : Je comprends que vous pensez que nous sommes tous très sensibles à cette question. Mais je crois que lorsqu’il y a une guerre, il y a forcément des victimes. Ce que je voulais dire, c’est que l’Albanie et les États-Unis préparent une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, qui sera présentée demain et soumise au vote vendredi, heure de New York. Pourriez-vous nous dire quel sera le vote de la Chine sur cette résolution ?

Hua Chunying : Nous traiterons les questions pertinentes sur la base de la position cohérente de la Chine et dans le respect des principes de la Charte des Nations unies.

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